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Valérie Flipo
Comment faire un flop ?
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Comment faire un flop en dévoilant un nouveau logo ? Comment perdre un public en cinq minutes ?
Les rideaux se lèvent. Un communicant, baskets blanches, jean noir, chemise blanche, monte sur scène. Dans la salle, 200 personnes. Il s’installe au pupitre. Pas un regard pour ses invités. Il se lance tête baissée dans le discours, les yeux rivés sur le grand écran, il égrène les diapos. Les diapos, sa pensée.
Il mâchouille les mots, s’agace de l’indiscipline du public puis ordonne d’augmenter le volume du micro. La technique va peut-être le sauver ! Regard furtif sur son auditoire, débit accéléré comme pour signifier « je voudrais être ailleurs » ou « aimez-moi pour ce que je représente ». Aucune attention pour le public qui a fait l’effort de se déplacer.
Il dévoile enfin son nouveau logo. Le point d’orgue de la cérémonie. Même ton, même rythme, même purée verbale. La mise en scène parfaite d’un « non-évènement ». L’effet de surprise tombe à plat sur un public inanimé.
Il se débat et tente de forcer l’enthousiasme de l’auditoire. Il enchaîne les poncifs avec emphase : Le logo incarne la vie, l’élan vers le ciel, l’enracinement. En face de lui, le baromètre émotionnel est à zéro. A la fin du discours, Il s’étonne : vous n’avez pas de questions ? Peut-être que le logo ne vous plait pas ? A ce moment précis, il se connecte au public et découvre qu’il a été abandonné. Le public ne renvoie rien. Mais qu’a-t-il donné ? Il se sent bien seul ce soir.
Acte II
Il annonce le second orateur. Une figure institutionnelle venue annoncer un « projet d’excellence ». Les phrases sont courtes, travaillées mais lues sur le mode « ordinateur ». Le débit est correct, le dos tenu. Le regard s’échappe par moment pour rejoindre le public, sans le voir. La voix portée par le haut du corps aurait mérité d’être travaillée. Trop dans la retenue, elle manque de souffle et de générosité. Seule une voix puissante peut être à la hauteur de ce grand projet. Après quelques minutes d’attention, l’intérêt du public s’échappe pour rejoindre les smartphones.
Il aurait fallu peu de choses pour sauver son discours, pour mettre l’auditoire en mouvement. Le public aime vibrer, être transporté par l’incarnation du personnage au service d’un beau dessein.
Au fond pour qui parle-t-on ? A-t-on envie de mettre son public en mouvement, de transmettre ? Cela demande un peu d’apprentissage, un investissement physique. Un travail sur la posture, le regard, la voix et le trac. Un travail préparatoire (et un peu de temps) pour incarner le contenu de son discours.